Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/168

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écrivait Bernard-Lazare, se présente devant nous pour soutenir une œuvre qu’il approuve, à laquelle il veut collaborer, il doit, parce qu’il est Jaurès, parce qu’il a été notre compagnon dans une bataille qui n’est pas finie, nous donner d’autres raisons que des raisons théologiques. (Il voyait très nettement combien il y avait de théologie grossière dans Jaurès, dans toute cette mentalité moderne, dans ce radicalisme politique et parlementaire, dans cette pseudométaphysique, dans cette pseudophilosophie, dans cette sociologie.) Or c’est une raison théologique que de nous dire : « (Ici je préviens que c’est du Jaurès, cité par Bernard-Lazare) : « Il y a des crimes politiques et sociaux qui se payent, et le grand crime collectif commis par l’Église contre la vérité, contre l’humanité, contre le droit et contre la République, va enfin recevoir son juste salaire. Ce n’est pas en vain qu’elle a révolté les consciences par sa complicité avec le faux, le parjure et la trahison. » (Fin du Jaurès, de la citation de Jaurès.) Bernard-Lazare disait plus simplement : On ne peut pas embêter des hommes parce qu’ils font leur prière. Il les avait, celui-là, les mœurs de la liberté. Il avait la liberté dans la peau ; dans la moelle et dans le sang ; dans les vertèbres. Non point, non plus, une liberté intellectuelle et conceptuelle, une liberté livresque, une liberté toute faite, une liberté de bibliothèque. Une liberté d’enregistrement. Mais une liberté, aussi, de source, une liberté toute organique et vivante. Je n’ai jamais vu un homme croire, à ce point, avoir à ce point la certitude, avoir conscience à ce point qu’une conscience d’homme était un absolu, un invincible, un éternel, un libre, qu’elle s’opposait victorieuse, éternel-