Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/179

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un grand état de ce que depuis la séparation le catholicisme, le christianisme n’est plus la religion officielle, la religion d(e l)’État, de ce que, ainsi, l’Église est libre. Et on a raison en un certain sens. La position de l’Église est évidemment tout autre, tout à fait autre sous le nouveau régime. Sous toutes les duretés de la liberté, d’une certaine pauvreté, l’Église est autrement elle-même sous le nouveau régime. Jamais on n’obtiendra sous le nouveau régime des évêques aussi mauvais que les évêques concordataires. Mais il ne faut point exagérer non plus. Il ne faut pas se dissimuler que si l’Église a cessé de faire la religion officielle de l’État, elle n’a point cessé de faire la religion officielle de la bourgeoisie de l’État. Elle a perdu, elle a laissé politiquement, mais elle n’a guère perdu, elle n’a guère laissé socialement toutes les charges de servitude qui lui venaient de son officialité. C’est pour cela qu’il ne faut pas triompher. C’est pour cela que l’atelier lui est fermé, et qu’elle est fermée à l’atelier. Elle fait, elle est la religion officielle, la religion formelle du riche. Voilà ce que le peuple, obscurément ou formellement, très assurément sent très bien. Voilà ce qu’il voit. Elle n’est donc rien, voilà pourquoi elle n’est rien. Et surtout et elle n’est rien de ce qu’elle était, et elle est, devenue, tout ce qu’il y a de plus contraire à elle-même, tout ce qu’il y a de plus contraire à son institution. Et elle ne se rouvrira point l’atelier, et elle ne se rouvrira point le peuple à moins que de faire, elle aussi, elle comme tout le monde, à moins que de faire les frais d’une révolution économique, d’une révolution sociale, d’une révolution industrielle, pour dire le mot d’une révolution temporelle pour le salut éternel. Tel est, éternelle-