Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/183

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nous sommes puissants. Nous en avons une tête. Nous avons trouvé des arguments, des raisonnements si extraordinaires que par ces seuls raisonnements nous avons ébranlé la foi. La preuve que c’est vrai, c’est que ce sont les curés qui le disent. Et les curés ensemble et les bons bourgeois cléricaux, censés catholiques, prétendus chrétiens, oublieux des anathèmes sur le riche, des effrayantes réprobations sur l’argent dont l’Évangile est comme saturé, moelleusement assis dans la paix du cœur, dans la paix sociale, tous nos bons bourgeois se récrient : Tout ça aussi, se récrient-ils, c’est de la faute à ces sacrés professeurs, qui ont inventé, qui ont trouvé des arguments, des raisonnements si extraordinaires. La preuve que c’est vrai, c’est que c’est nous, curés, qui le disent. Alors ça va bien, et non seulement tout le monde est en République, mais tout le monde est content. Les porte-monnaies restent dans les poches, et les argents restent dans les porte-monnaies. On ne met pas la main au porte-monnaie. C’est l’essentiel. Mais je le redis en vérité, tous ces raisonnements ne pèseraient pas lourd, s’il y avait une once de charité.

Le monde clérical bourgeois affecte de croire que ce sont les raisonnements, que c’est le modernisme cérébral qui est important uniquement pour n’avoir point à dépenser une révolution industrielle, une révolution économique.

Tel étant notre socialisme, et cela ne faisait alors