Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/234

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officiellement, ce que l’on a nommé le parti juif. Dans le parti politique dreyfusiste il représentait pour ainsi dire le parti politique juif. Seul en outre il était d’un volume politique et social, d’un ordre de grandeur au moins égal à celui d’un Jaurès. Or que voyons-nous. Il faut toujours dire ce que l’on voit. Surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit. Nous voyons que de tout notre État-Major il est le seul qui n’ait point faibli devant les démagogies dreyfusistes, devant les démagogies politiques issues de notre mystique dreyfusiste. Il est le seul notamment qui n’ait pas faibli, qui n’ait pas plié devant la démagogie combiste, devant la démagogie de la tyrannie combiste. Il est le seul nommément, et ceci est d’autant plus remarquable qu’il est par toute sa carrière un homme politique, il est le seul qui un des premiers se soit résolument opposé à la délation aux Droits de l’Homme, comme on le voit dans le dossier que nous avons constitué en ce temps. Si l’on voulait bien prendre la peine de lire les six ou sept gros volumes de son Histoire de l’affaire Dreyfus et si on ne laissait pas au seul M. Sorel tout le soin de les lire, on verrait aussitôt que nul (historien) ne fut aussi sévère que lui pour toutes les démagogies dreyfusistes, issues du dreyfusisme, pour toutes les déviations politiques, pour toutes les dégradations du dreyfusisme. On en est même surpris. Il y a là comme une sorte de stoïcisme politique assez curieux. Et même quelquefois comme une espèce de gageure. On est surpris, et c’est bien le plus grand éloge que je connaisse d’un homme, on est surpris que cet homme politique, riche et puissant, ait eu plusieurs fois les vertus politiques d’un pauvre. De quel non-Juif pourrait-on en dire autant.