Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/325

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y a des pays qui sont petits et qui paraissent grands. Tout ainsi et du même regard il y a des périodes, des temps qui sont grands et qui paraissent petits, qui sont longs et qui paraissent courts. Et il y a des temps qui sont petits, qui sont courts, et qui paraissent longs, qui paraissent grands. C’est une question de grandeur, (et non point seulement de dimension, de longueur). C’est une question non pas seulement de plus et de moins. C’est une question de plein et de fouillé. De plat et de recreusé. C’est aussi une question de la destination temporelle des temps et des lieux. Tout cet immense massif entre Waterloo et les Châtiments, ce temps creusé, ce temps fouillé, cinq règnes, sans compter celui qui tombait, deux révolutions, une restauration, une invasion, trois ou quatre régimes, deux rois, trois rois, une (deuxième) République, un prince-président, un deuxième, (un troisième) empereur, un coup d’État, une réaction, quatre ou cinq réactions, cinq ou six guerres, faites ou à faire, une grande conquête, tant de mouvements, de remouvements et de contremouvements, — et d’autre part ces quarante ans de plaine, de grande plaine de cette troisième République, c’est le même espace, pour les horloges, c’est la même heure. C’est la même longueur de temps.

On le sent plus vivement encore sous cette forme, sous la forme contraire, inverse : Nous sommes, dans le temps, à la chute du Second Empire comme il était à la chute du Premier.



Qui, débouchant brusquement de l’immortelle rue