Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/335

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cette complaisance, cette docilité, cette inquiétude à suivre tout ce qu’on faisait de son temps, tout ce qui se faisait, tout ce qui faisait bien. En voilà un qui voulait faire une carrière (il semble bien qu’il l’ait faite), et qui ne croyait pas qu’une carrière se fait toute seule. La docilité inquiète et attentionneuse, la suivance de ce grand révolutionnaire aux gens de son temps, aux modes de son temps, aux mouvements de son temps, à ce qui réussissait, est un spectacle d’autant plus réjouissant qu’on peut le goûter sans arrière pensée : ça a tellement réussi. Or la ballade quatrième, — à Trilby, — le lutin d’Argail, — porte cette épigraphe :

À vous, ombre légère,
Qui d’aile passagère
Par le monde volez,
Et d’un sifflant murmure
L’ombrageuse verdure
Doucement esbranlez ;

J’offre ces violettes,
Ces lys et ces fleurettes,
Et ces roses ici,
Ces vermcillettes roses,
Tout fraischement escloses,
Et ces œillets aussi !


Or il attribue gaillardement ces deux strophes comme une Vieille chanson. C’est à n’y pas croire. Vous verrez vous-même dans une édition. Ces deux strophes que tout le monde connaît, que depuis nos premières enfances nous saluons tous comme un vieux souvenir, comme un