Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/336

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des plus admirables jeux de notre très grand Du Bellay. J’entends bien. Vous me direz : Il n’est pas moins grand poète pour cela. J’y consens. C’est même un peu ce que nous disons. Un poète n’est pas forcé de savoir l’histoire de la littérature, au contraire, ni même l’histoire des lettres. — Vouére. Enfin il faudrait savoir. — Un grand poète n’est pas forcé d’avoir des références. — J’y entends, mais alors il n’est point forcé d’en mettre. Moi je veux bien qu’il n’y ait pas de référence. Au contraire elles m’ennuient. Elles m’obsèdent. Et elles ne réussissent point. Vous comprenez j’ai beau être bête, elles ne m’en imposent pas. Elles ne me donnent point le change. Ni sur la solidité de son savoir, ni sur l’universalité de ses connaissances. Il est vrai que moi aussi ce n’est point cela que je lui demande. Pourquoi alors seulement fait-il semblant de me l’offrir. Pourquoi me met-il des épigraphes, que je ne lui demande pas, et cela étant, pourquoi me les met-il fausses. Presque plus que fausses, ignorées. Tout Hugo est là-dedans. Qu’il ne me donne pas de références (j’aime mieux ça), ou qu’il me les donne exactes. Comme tout le monde. Mais non il m’abrutit, moi public, dans toutes ces ballades, dans tout son commencement d’œuvre, dans tout son commencement, dans toute sa première moitié de vie et d’œuvre, dans toute sa première moitié de carrière, et même dans tout le reste, il m’abrutit des références les plus extraordinaires, qui ne me laissent aucun doute sur son érudition. Des noms qu’on n’a jamais ni vus ni connus. Rien que dans ces ballades, (pour ne pas citer les Odes, qui n’en craignaient déjà point), ensemble Émile Deschamps ; La Fontaine, Imitation d’Anacréon ; Shakspeare ; Montenabri ; Gonzalo Berceo, la Bataille