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Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/365

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restait non pas cette redoutable infanterie espagnole, mais la question de Jérimadeth.

De tous les noms hébreux que Hugo pouvait choisir pour couronner un vers, il faut avouer qu’il n’y en avait certainement aucun qui sonnât aussi bien, aussi beau que Jérimadeth, et surtout qui sonnât aussi hébreu ; qui fût à ce point du temps et du lieu, du pays ; aussi couleur locale et couleur temporelle. Il faut lui rendre cette justice, non seulement à Jérimadeth mais à Hugo, que de tous les noms hébreux qui se présentaient, qu’il pouvait choisir, qui demandaient, qui imploraient, qui étaient à ses pieds, il n’y en avait certainement aucun qui rendît à ce point, par sa forme même, par son énoncé, et aussi par sa phonétique, si je puis dire ; par sa configuration, surtout par sa graphie, qui était une vraie géo-graphie ; cette h notamment qu’il y avait à la fin, les deux jambages, les deux tours de Notre-Dame, et qui déjà inaugurait si solennellement le nom même de Hugo ; le nom saxon ; qui fît à ce point qu’on y fût ; qu’on y était ; que c’était bien Ruth qui était couchée aux pieds de Booz. Tel était l’état de la question, le célèbre état de la question. Tel fut le premier temps.

Le deuxième temps fut que des hébraïsants, (cet âge est sans pitié), furieux, en dedans, vexés intérieurement de ce qu’en dedans ils ne connaissaient pas ce nom hébreu, le cherchèrent dans un atlas allemand. Il paraît qu’il n’y était pas. Quand un nom hébreu n’est pas dans un atlas allemand, il est perdu. On déclara qu’il n’existait pas, que c’était un nom forgé. On se forge, comme dit l’autre. Comme on avait admiré le choix, ainsi on admira la forge. Pour les mêmes