Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/398

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poèmes païens (et bibliques) charnels qu’il y ait jamais eu. Trente et quarante siècles après Moïse et les antécédents de Moïse. Et comme cet homme vivait tout de même en son temps, vivait tout de même vingt siècles après Jésus-Christ, post Christum natum, comme il vivait plus ou moins dans un monde chrétien, comme il croyait plus ou moins sincèrement être ou avoir été chrétien, deuxièmement, au deuxième degré ce poème païen entre tous, temporel, charnel entre tous, (mais peut-être, mais surtout pour quelle raison mystérieuse), cet éminent poème éminemment païen, éminemment temporel, éminemment charnel, tout plein de la moisson, du blé charnel, de la vigne et du vin charnel, tout plein de la terre et du ventre porte précisément, revient, recoupe précisément à faire, à être la seule vue païenne que nous ayons du mystère de l’incarnation, du mystère de l’insertion charnelle et temporelle, enfin le seul regard venu du côté païen, de la situation païenne, la seule considération, la seule contemplation charnelle païenne, antérieure, terrienne, toute terreuse et toute antique. Végétale comme un tronc. Toute pleine comme d’un accomplissement, d’un couronnement de l’épanchement temporel.

Un regard tout plein du blé des granges.

Il en suit que ce poème, plus que poème, se rabat au deuxième degré, recoupe à être un témoignage antérieur