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Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/419

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l’autre indéfectibles. Ils comptent pour toute la vie. Nous ne pouvons jamais nous en dépouiller. Ils demeurent toujours. Au fond nous ne cherchons pas même à nous en dépouiller. Nous ne tenons pas du tout à nous en dépouiller, à refaire, à recommencer nos calculs. Nos comptes. Plus au fond, plus profondément nous sommes si heureux de ne pas les recommencer, de ne pas chercher à les recommencer, de ne pas en avoir envie, de ne pas même avoir l’idée de les recommencer. Un sentiment plus profond encore et plus cher que la paresse nous y pousse et nous y relient. Nous y tient et nous y entrelient. Nous aimons mieux les tenir valables, nous les tenons valables pour l’existence ; pour toute notre vie ; pour tout notre temps. Au fond, sans trop y penser, sans bien vouloir y penser, nous les tenons valables pour notre éternité même.

C’est une des plus grosses difficultés, disons le mot c’est une des plus grosses, des plus graves contrariétés intérieures, sinon la plus grave, (aussi je ne suis pas surpris que l’on ne nous en parle nulle part), de la pédagogie, — je veux dire naturellement de la paternité, — de la paternité spirituelle et de la paternité charnelle, — que cette tendance invincible que nous avons, que celle tentation de faire servir, de faire compter notre compte aussi pour nos enfants, pour les générations suivantes. Un compte qui ne devrait pas même nous servir à nous-mêmes, qui ne devrait même pas compter pour nous-mêmes, si nous savions vieillir, si nous consentions à vieillir. On ne s’installe qu’une fois dans la vie. On a déjà eu tant de mal à s’installer. D’abord alors on veut que cette installation compte pour toute la vie. Serve pour toute la vie. Et on y