Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/420

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réussit tant bien que mal. On ne veut pas recommencer la vie. Puis on aime les enfants. On les aime mal. Donc on les aime mal. On croit que c’est de l’amour et de la paternité, on croit que c’est de l’amour paternel que de vouloir, que de leur faire que leur vie soit la prolongation de la nôtre. Que notre installation compte pour eux. Serve pour eux. Que notre compte compte pour eux. Laissons nos enfants s’installer pour eux, compter pour eux, commencer pour eux. Ils ont sept ans. Ils ont douze ans. Laissons-les faire leurs comptes, qui nous chassent.

§2. — Poussons nos merveilleuses, nos mystérieuses recherches. La véritable ode à la Colonne, tout court, n’est pas dans les Odes ; elle n’est pas une ode ; enfin elle n’est pas intitulée une ode. Elle est dans les Chants du Crépuscule, le deuxième chant. Les Chants du Crépuscule, au moins leur début, leur départ, sont tout entiers sous l’influence, on pourrait presque dire sous l’inspiration, au moins temporaire, au moins provisoire, de la révolution de 1830. Il avait fort bien vu naturellement, ou plutôt, ce qui vaut mieux, il avait très bien senti que ces trois journées n’étaient pas, ne pouvaient pas être un simple recommencement, un recommencement pur et simple, une imitation plus ou moins traditionnelle des grandes journées révolutionnaires de la grande Révolution ; qu’elles étaient, qu’il fallait qu’elles fussent tout autre chose ; car l’Empire s’était produit depuis, l’Empire s’était mis entre, l’épopée impériale, il y avait eu l’Empire entre les deux. Il avait bien senti tout ce qu’il y avait, tout ce