Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/451

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Aussi nos historiens de la littérature et nos critiques nous enseignaient-ils que c’était un mot emprunté au jargon du temps, au jargon amoureux. Les historiens sont bien précieux.

§41. — Ce mot est à tel point un mot conducteur que dans les deux citations de Bérénice que nous avons données il commence, en même place, deux couplets qui se suivent, immédiatement. Ces deux emplois du mot, ces deux mots ne sont pas seulement dans la même scène, dans la même page ; ils donnent le ton à deux répliques qui se succèdent immédiatement. Ils sont parallèles, parallèlement employés. En couple. Ils repartent de l’un sur l’autre. Ils invoquent, ils sont comme deux invocations au seuil de deux couplets, une double invocation au seuil d’un double couplet.

§42. — Tout est adversaire, tout est ennemi aux personnages de Racine ; les hommes et les dieux ; leur maîtresse, leur amant, leur propre cœur.

§43. — Nulle part autant que dans Racine n’apparaît peut-être le poignant, le cruel problème de l’innocence ou de la prétendue innocence de l’enfant.

§44. — La cruauté pardonne encore. La charité ne pardonne point. C’est elle qui est impardonnable.

§45. — Le saint est infiniment plus la proie de la charité que le cruel de la cruauté.

§46. — Ni l’ordonnance n’est l’ordre, ni la désordon-