Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/452

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nance n’est le désordre. Ni l’ordonnance ne fait l’ordre, ni le désordonnancement ne fait le désordre.

§47. — L’ordonnance règne surtout dans le détail. L’ordre règne dans le corps même.

§48. — L’ordonnance couvre. L’ordre règne.

§49. — Il est plus naturel de mettre, il est plus commode de mettre de l’ordonnance dans le détail que dans l’œuvre même, dans l’œuvre que dans la vie. C’est une progression descendante du détail vers l’œuvre, de l’œuvre vers la vie. L’ordre au contraire suit la progression contraire. Il vient de la vie même. Il va, il descend de la vie vers l’œuvre, de l’œuvre vers tout le détail, du corps de l’œuvre vers tout le détail de l’œuvre. C’est dans la vie pour l’œuvre et dans l’œuvre pour le détail, dans le corps de l’œuvre pour le détail de l’œuvre que l’ordre prend sa forme et son origine, son point de force et son point d’origine.

§50. — L’ordonnance est une apprêteuse. L’ordre est un souverain. Il peut y avoir une mode dans l’ordonnance. Dans l’ordre il ne peut y avoir qu’un ordre.

§51. — Il faut dire aussi que cet éclatant désordre (organique) d’art de Phèdre traduit admirablement en art, sur le registre de l’art, cet incroyable désordre (organique) de vie.

§52. — Une tragédie par an, excepté cette extraordinaire Phèdre, qui sortant déjà par trop de la série, prit une incubation de trois ans.