Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/455

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couronnent dans Polyeucte en palmes éternelles. L’événement même est pur dans une tragédie de Corneille, dans les tragédies de Corneille ; l’événement même est saint, l’événement même est heureux, l’événement même est plein de grâce.

§61. — Il faisait varier non seulement le nombre (des personnages) et les situations réciproques, l’arithmétique et la géographie, l’arithmétique et la géométrie, mais il doublait son jeu, il doublait le nombre de ses combinaisons en faisant jouer, selon qu’il faisait jouer ce qu’il faut bien nommer l’irréversibilité ou la réversibilité. Il avait ainsi deux registres, un double registre. C’est-à-dire selon que deux termes, que deux personnages s’aiment entre eux ou que chacun aime qui ne l’aime pas et aime un(e) autre. Dans le premier cas on a, on obtient un couple clos. Dans le deuxième cas naissent ce qu’il faut bien nommer les circuits, qui lui sont si familiers, chaque terme reportant sur l’autre. Au départ, dès Andromaque, le poète nous présente le plus parfait exemple, le cas maximum du plus long circuit non clos (si ces deux mots peuvent aller ensemble), du circuit non clos du plus grand nombre de termes. Et en même temps du circuit pur, je veux dire du circuit sans couple clos, sinon au dernier terme, du circuit où aucun couple clos n’est intercalé. Dès lors il n’avait plus qu’à dégrader. Et dès lors il se produit par là même une sorte de balancement quadruple, ou quintuple, fatigant à suivre.

§62. — Toute tragédie de Racine repose sur un plan, sur un tracé ; et cela aussi devient vite fatigant.