Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/472

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promotion. Trois œuvres avançant d’un même front, sur un seul front, apportant, offrant ensemble leur triple nourriture ; trois œuvres s’oubliant elles-mêmes, assez grandes pourtant, qui pouvaient être elles-mêmes des capitales et des maîtresses. Tout le jeune héroïsme du Cid, tout l’héroïsme chrétien, tout l’héroïsme chevaleresque, toute la jeunesse, tout l’héroïsme, toute la chevalerie du Cid promue dans Polyeucte, en jeunesse éternelle, en héroïsme et comme en chevalerie de sainteté. Toute cette jeunesse temporelle, toute cette jeunesse charnelle muée, promue en jeunesse éternelle. Tout cet héroïsme de guerre promu en héroïsme de martyre. Tout cet héroïsme temporel promu en héroïsme de sainteté, en héroïsme éternel, en héroïsme de martyre. Tout cet héroïsme de race (temporelle) promu en héroïsme de grâce, de race éternelle. Toute cette générosité jeune et chevalière promue, qui devient cette jeune générosité de sainteté. D’où cette race dans la grâce même, comme cette jeune race charnelle et temporelle dans l’éternel même, cette race à part de saints, si différente, si plus près de nous que tant d’autres races de saints ; cette race de grâce, cette race de sainteté si particulière, si chevalière, si généreuse, si libérale, si française.

Cet honneur de sainteté, venu, procédant par promotion de l’honneur chevaleresque. Que tant de saintetés étaient au contraire plutôt, naturellement, littéralement des saintetés sans honneur.

Et cette promotion du Cid à Polyeucte marquée dans le tissu même, dans la pierre même, dans la matière, dans le rythme, par la promotion des stances du Cid aux stances de Polyeucte. Les stances du Cid annoncent, préparent les stances de Polyeucte, les stances de