Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/473

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Polyeucte reprennent, raniment les stances du Cid, les font monter, les font parvenir au degré suprême. Cette promotion des unes aux autres, cette promotion dans la matière, dans la chair, cette promotion matérielle, cette promotion charnelle, cette promotion temporelle ne fait que représenter dans la matière et dans la chair la promotion même, la promotion propre, la promotion entière, totale, intégrale des deux œuvres. D’une œuvre à l’autre. Ou plutôt ce sont les mêmes stances qui sont promues, transférées, qui passent d’un registre à l’autre, du registre héroïque au registre sacré. Qui montent. Du temps à l’éternel.

D’autre part, de la deuxième, d’une deuxième part Horace prépare, Horace apporte, Horace annonce non plus l’héroïsme chevaleresque, (il s’en faut, et de beaucoup ; tout repose sur une ruse de guerre qui aboutit en deuxième au massacre d’un blessé ordinaire et en troisième au massacre d’un grand blessé ; toute la victoire, (et la victoire de Rome même), est fondée là-dessus ; et cette ruse de guerre est fort loin d’être du même ordre et de la même forme que celle qui soulève Rodrigue contre les Maures surpris.

Notre profond silence abusant leurs esprits,

car, entre autres (raisons), les Maures eux-mêmes,

Ils n’osent plus douter de nous avoir surpris ;


c’est donc un tout autre honneur) ; non plus l’honneur chevaleresque et guerrier, mais déjà un honneur militaire, un héroïsme militaire, non plus guerrier, proprement un honneur, un héroïsme militaire civique, un honneur, un héroïsme de la guerre militaire civique et non plus du