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au cœur de notre Hurepoix. Mais très rapidement il a gagné. Il s’est étendu un peu partout. Aujourd’hui il est situé un peu partout, pourvu qu’on prenne la précaution de s’élever d’abord d’au moins quelques mètres au-dessus de terre, c’est le pays de l'Aéroplanie, ce nouveau territoire (si je puis dire) militaire) où l’on vive militairement. Enfin, c’est une terre héroïque, pleine pour nous de nobles souvenirs, encore d’hier, toute chaude encore du sang français. Combien il est évident, et surabondamment prouvé, que la France, (ici, mon ami, permettez-moi d’achever votre phrase), que la France, même dans son âge moderne, ne laissera peut-être pas perdre cette gloire guerrière, ne l’empêchera peut-être pas de devenir réalité historique.

Vous m’écriviez encore : Même ici, on a généralement peur de l’Éternité. Pourtant moins qu’ailleurs.

Vous m’écriviez encore : J’ai eu la chance, au début de mon séjour, de mener la vie errante qui plaît à mes goûts et est adaptée au pays. Depuis deux mois, je fais de la détention dans une Tériba (vous me répondrez si c’est bien une Tériba) de 100 mètres carrés. Et pourtant la seule politique utile dans ce pays-ci est celle qui se fait dans la brousse, avec, comme auxiliaires, quelques bons mousquetons 92.



Vous qui connaissez la brousse et le bled, allons vous êtes bon. Vous en serez. Un jour vous serez mûr. Militaire je vous prends. Ernest Psichari, mon enfant, vous