Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/64

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attribuent à ces monarchies ce qui n’est pas d’elles mais du temps où elles se meuvent. Du même temps. Qui est le temps de tout le monde. Et cet escalier à double révolution centrale, cette symétrie, cet antithétisme homothétique des situations, cet appareillement des attributions n’a rien qui doive nous étonner. Les républicains et les monarchistes, les gouvernants républicains et les théoriciens monarchistes font le même raisonnement, commettent la même attribution, des attributions contraires, complémentaires, homothétiques, la même fausse attribution parce que tous les deux ils ont la même conception, les uns et les autres ils sont des intellectuels, tous les deux ensemble et séparément, tous les deux contrairement et ensemble ils sont des politiques, ils croient en un certain sens à la politique, ils parlent le langage politique, ils sont situés, ils se meuvent sur le plan (de la) politique. Ils parlent donc le même langage. Ensemble les uns et les autres. Ils se meuvent donc sur le même plan. Ils croient aux régimes, et qu’un régime fait ou ne fait pas la paix et la guerre, la force et la vertu, la santé et la maladie, l’assiette, la durée, la tranquillité d’un peuple. La force d’une race. C’est comme si l’on croyait que les châteaux de la Loire font ou ne font pas les tremblements de terre.

Nous croyons au contraire (au contraire des uns et des autres, au contraire de tous les deux ensemble) qu’il y a des forces et des réalités infiniment plus profondes, et que ce sont les peuples au contraire qui font la force et la faiblesse des régimes ; et beaucoup moins les régimes, des peuples.