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Nous croyons que les uns et les autres ensemble ils ne voient pas, ils ne veulent pas voir ces forces, ces réalités infiniment plus profondes.

Si la République et les monarchies voisines jouissent de la même tranquillité, de la même durée, c’est qu’elles trempent, qu’elles baignent dans le même bain, dans la même période, qu’elles parcourent ensemble le même long palier. C’est qu’elles mènent la même vie, au fond, la même diète. Là-dessus les républicains et les monarchistes font des raisonnements contraires, le même raisonnement contraire, ils font des raisonnements conjugués. Nous au contraire, nous autres, nous plaçant sur un tout autre terrain, descendant sur un tout autre plan, essayant d’atteindre à de tout autres profondeurs, nous pensons, nous croyons au contraire que ce sont les peuples qui font les régimes, la paix et la guerre, la force et la faiblesse, la maladie et la santé des régimes.

Les républicains et les monarchistes ensemble, premièrement font des raisonnements, deuxièmement font des raisonnements conjugués, appariés, couplés, géminés.

Nous tournant donc vers les jeunes gens, nous tournant d’autre part, nous tournant de l’autre côté nous ne pouvons que dire et faire, nous ne pouvons que leur dire : Prenez garde. Vous nous traitez de vieilles bêtes. C’est bien. Mais prenez garde. Quand vous parlez à la légère, quand vous traitez légèrement, si légèrement la République, vous ne risquez pas seulement d’être injustes, (ce qui n’est peut-être rien, au moins vous le