Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/73

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On y verra ce que c’était que la pâte même dont le pain était fait.

Notre collaborateur M. Daniel Halévy a fort bien indiqué, dans ces cahiers mêmes, dans son dernier cahier, il a marqué seulement mais il a fort bien marqué que l’histoire de ce siècle ne va pas pour ainsi dire tout de go. Qu’elle n’est pas simple, unique, unilatérale, univoque, bloquée, blocarde, enfin elle-même qu’elle n’est pas un bloc ; qu’elle ne va point toute et toujours dans le même sens ; qu’elle n’est point d’un seul tenant. Il n’y a pas eu un ancien régime qui a duré des siècles ; puis un jour une révolution qui a renversé l’ancien régime ; puis des retours offensifs de l’ancien régime ; et une lutte, un combat, un débat d’un siècle entre la révolution et l’ancien régime, entre l’ancien régime et la révolution. La réalité est beaucoup moins simple. Halévy a fort bien montré que la République avait, était une tradition, une conservation, elle aussi, (elle surtout peut-être), qu’il y avait une tradition, une conservation républicaine. La différence, la distance entre les deux hypothèses, entre les deux théories se voit surtout, surgit comme d’elle-même naturellement à certains points critiques, par exemple aux coups d’État. Dans la première théorie, dans la première hypothèse, dans l’hypothèse du bloc et de la rigidité, les deux coups d’État sont des mouvements du même ordre, du même sens, du même gabarit, de la même teneur. C’est un mouvement, le même mouvement en deux fois. Le deuxième coup d’État est le recommencement, le double, la réduplication du premier. La reprise du premier.