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ment secret. Ceux qui sont intraitables, ceux qui sont bien fermés, ce ne sont que les anciens intellectuels devenus députés, notamment les anciens professeurs, nommément les anciens normaliens. Ceux-là en veulent véritablement à la culture. Ils ont contre elle une sorte de haine véritablement démoniaque.

Il faut d’ailleurs bien faire attention. Quand on parle de parti intellectuel et de l’envahissement de la domination du primaire il faut prendre garde. Il ne suffit pas de dire primaire, primaire. Il faut bien voir aujourd’hui que le primaire n’est pas tout, (tout entier), dans le primaire. Il s’en faut. Il n’est point tant dans le primaire. Il s’en faut, et ce n’est même pas là qu’il est le plus. Il faut prendre garde que c’est sans aucun doute dans le supérieur aujourd’hui qu’il y a le plus de primaire, de contamination primaire, de domination primaire. Pour moi j’ai la conviction qu’il se distribue beaucoup plus de véritable culture, aujourd’hui même encore, dans la plupart des écoles primaires, dans la plupart des écoles des villages de France, entre les carrés de vignes, à l’ombre des platanes et des marronniers, qu’il ne s’en distribue entre les quatre murs de la Sorbonne. Voici quelle est à peu près aujourd’hui, dans la réalité, la hiérarchie des trois enseignements : Un très grand nombre d’instituteurs encore, même radicaux et radicaux-socialistes, même francs-maçons, même libre-penseurs professionnels, pour toutes sortes de raisons de situation et de race continuent encore d’exercer, généralement à leur insu, dans les écoles des provinces et même des villes un certain ministère de la culture. Ils sont encore, souvent malgré eux, des ministres, des maîtres de la distribution de la culture. Ils exercent