Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/98

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indirect. Non seulement nous n’avons rien à désavouer, mais nous n’avons rien dont nous n’ayons à nous glorifier. Car dans nos plus ardentes polémiques, dans nos invectives, dans nos pamphlets nous n’avons jamais perdu le respect du respect. Du respectable respect. Nous n’avons, nous n’avons à avoir ni regret ni remords. Dans ces confessions d’un dreyfusiste qui feront une part importante de nos Confessions générales, il y aura, je l’ai promis, de nombreux cahiers qui s’intituleront Mémoires d’un âne ou peut-être, plus platement, mémoires d’un imbécile. Il n’y en aura aucun qui s’intitulera mémoires d’un lâche, ou d’un pleutre (nous laisserons ceux-ci à faire à M. Jaurès et ils ne seront certainement pas mal faits). (Il est si bon maquignon.) Il n’y en aura aucun qui s’intitulera cahiers, mémoires d’un faible ; d’un repentant. Il n’y en aura aucun qui s’intitulera mémoires d’un homme politique. Ils seront tous, dans le fond, les mémoires d’un homme mystique.

On peut publier demain matin nos œuvres complètes. Non seulement il n’y a pas une virgule que nous ayons à désavouer, mais il n’y a pas une virgule dont nous n’ayons à nous glorifier.

C’est bien l’idée de Halévy, qu’en effet je ne m’y reconnaisse pas. Plusieurs fois il nous le dit expressément. Mais je ne sais pas si son lecteur voit bien toujours que c’est son idée.