Page:Peguy oeuvres completes 05.djvu/104

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L’heure que tu attendais depuis des jours et des jours, l’heure que tu attendais depuis ton baptême, l’heure que tu attendais de toute éternité. Depuis ton éternité.

Le jour est venu, le grand jour, tu as reçu communication du corps de Notre-Seigneur.

À ton tour, après des milliers et des milliers et des centaines de milliers d’autres, après des centaines et des milliers de milliers de chrétiennes ; à ton tour, chrétienne et paroissienne, comme tant et tant de chrétiennes, comme tant et tant de paroissiennes, comme tant de saintes mêmes, à ton tour tu as reçu le corps de Notre-Seigneur-Jésus-Christ, le même corps de Notre-Seigneur-Jésus-Christ.

Après quatorze siècles à ton tour de recevoir. À ton tour d’approcher.

À ton tour tu reçus pour la première fois le corps de Notre-Seigneur-Jésus-Christ.

Jour attendu. Jour d’un deuil infini, car la communication du corps de Notre-Seigneur guérit tous les maux ; et tu te retrouvas le soir ; et tu étais seule ; et tu avais reçu le même corps, le même que les saints et que les saintes ont reçu ; et la communication du corps de Notre-Seigneur guérit tous les maux ; et Dieu était venu ; et le soir tu te retrouvas seule dans la même situation ; mais elle n’était pas la même, elle était infiniment pire ; tu te retrouvas dans la même souffrance ; elle n’était pas la même, elle était infiniment pire, elle était devenue infinie ; tu te retrouvas dans la même détresse ; la même, la même, hélas ; mais elle n’était pas la même ; elle était devenue infiniment pire, elle était devenue infinie ; elle était devenue autre ; car