Page:Peguy oeuvres completes 05.djvu/109

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Comme se récriant d’une impossibilité ;
d’une évidence :

Alors ils ne seraient pas perdus, si leur souffrance n’était pas perdue. Alors ils auraient la même souffrance que nous, ce serait la même souffrance, que nous. Alors ils seraient comme nous.

Ils auraient la grâce.

Or ils ne sont pas comme nous. Il y a une différence. Elle est infinie. Il y a, il y a eu le jugement.

Autrement alors ils seraient comme nous. Il n’y a, il ne peut y avoir que deux sortes, il ne peut y avoir que deux races de souffrance : la souffrance qui n’est pas perdue, et la souffrance qui est perdue. De la souffrance qui n’est pas perdue nous sommes, ensemble avec Jésus-Christ ; notre souffrance est de la même sorte, elle est de la même race que la souffrance de Jésus-Christ ; notre souffrance n’est jamais perdue, quand nous le voulons.

De la souffrance qui n’est pas perdue nous sommes tous, quand nous le voulons de Jésus au dernier des chrétiens, quand nous le voulons.

De Jésus même au dernier des pécheurs.

Il y a, ailleurs il y a une souffrance qui est perdue ; qui est toute perdue ; qui est toujours perdue ; quand même on ne voudrait pas ; quoi qu’on veuille ; quoi qu’ils veuillent ; quoi qu’ils veuillent éternellement.

Quoi qu’ils fassent. Éternellement quoi qu’ils fassent.

C’est ça l’enfer. Autrement il n’y aurait pas d’enfer. Ça serait la même chose que nous ; ça serait la même chose partout.

Dans toute la création.