Page:Peguy oeuvres completes 05.djvu/110

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Si leur souffrance pouvait servir, mon enfant, ma pauvre enfant, ils seraient comme nous ; ils seraient nous ; il n’y aurait pas, il n’y aurait jamais eu de jugement. Si leur souffrance pouvait servir, sitôt qu’une souffrance peut servir, elle s’appareille, elle s’apparente, elle se lie à la souffrance de Jésus-Christ. Elle devient de la même race. Elle devient, aussitôt elle devient de la même sorte, de la même race, de la même famille que la souffrance de Jésus-Christ.

Elle devient la sœur de la souffrance de Jésus.

Elle devient de la souffrance en communion.

Il n’y aurait aucune différence.

Si leur souffrance servait, mon enfant, si elle pouvait servir, mais alors ils seraient dans la communion.

Or ils ne sont pas dans la communion.

Toute souffrance qui peut servir, toute souffrance qui sert est sœur de la souffrance de Jésus-Christ ; elle est fille de la souffrance de Dieu ; elle est la même que la souffrance de Jésus-Christ.

Il n’y aurait pas eu de jugement.

Il y a, ailleurs il y a une souffrance qui ne sert pas, qui ne sert éternellement pas. Qui est toujours vaine, vide, qui est toujours creuse, toujours inutile, toujours stérile, toujours non appelée, toujours donc non élue, toute, toujours, éternellement toute, éternellement toujours, quoi qu’ils veuillent.

Quoi qu’ils fassent. Quoi qu’ils fassent éternellement.

Quoi qu’il y ait.

Apprenez, mon enfant, apprenez ce que c’est que l’enfer.

Là est la marque, là est la distinction, là est la différence. Elle est infinie.