Page:Peguy oeuvres completes 05.djvu/350

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Ainsi nous, pareillement nous, à l’imitation de Jésus,
Ainsi nous, qui sommes chair, nous devons en profiter,

Profiter de ce que nous sommes charnels pour les conserver, pour les réchauffer, pour les nourrir en nous vivantes et charnelles,

(Voilà ce que les anges mêmes ne connaissent pas, mon enfant, voilà ce qu’ils n’ont point éprouvé).

Comme une mère charnelle nourrit, et fomente sur son cœur son dernier-né,

Son nourrisson charnel, sur son sein,
Bien posé dans le pli de son bras,
Ainsi, profitant de ce que nous sommes charnels,
Nous devons nourrir, nous avons à nourrir dans notre cœur,
De notre chair et de notre sang,
De notre cœur,
Les Paroles charnelles,
Les Paroles éternelles, temporellement, charnellement prononcées.
Miracle des miracles, mon enfant, mystère des mystères.
Parce que Jésus-Christ est devenu notre frère charnel

Parce qu’il a prononcé temporellement et charnellement les paroles éternelles,

In monte, sur la montagne,
C’est à nous, infirmes, qu’il a été donné,
C’est de nous qu’il dépend, infirmes et charnels,
De faire vivre et de nourrir et de garder vivantes dans le temps
Ces paroles prononcées vivantes dans le temps.
Mystère des mystères, ce privilège nous a été donné,
Ce privilège incroyable, exorbitant,
De conserver vivantes les paroles de vie,