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De nourrir de notre sang, de notre chair, de notre cœur
Des paroles qui sans nous retomberaient décharnées.


D’assurer, (c’est incroyable), d’assurer aux paroles éternelles
En outre comme une deuxième éternité,

Une éternité temporelle et charnelle, une éternité de chair et de sang,

Une nourriture, une éternité de corps,
Une éternité terrienne.


Ainsi les paroles de Jésus, les paroles éternelles sont les nourrissonnes, les vivantes nourrissonnes de notre sang et de notre cœur

De nous qui vivons dans le temps.

Comme la dernière des paysannes, si la reine dans son palais ne peut pas nourrir le dauphin

Parce qu’elle manque de lait,

Alors la dernière paysanne de la dernière paroisse peut être appelée au palais,

Pourvu qu’elle soit une bonne nourrice,
Et elle peut être appelée à nourrir un fils de France,
Ainsi nous toutes enfants de toutes les paroisses
Nous sommes appelées à nourrir la parole du fils de Dieu.


Ô misère, ô malheur, c’est à nous qu’il revient,
C’est à nous qu’il appartient, c’est de nous qu’il dépend
De la faire entendre dans les siècles des siècles,