Page:Peguy oeuvres completes 05.djvu/93

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Madame Gervaise

— Je le sais, ma fille. Et ils ont dit que ça faisait une bonne mangeoire, une mangeoire très commode, et juste à hauteur pour la tête des chevaux.

Jeannette

— Et qu’ils disent des horreurs à la Sainte Vierge, à notre mère la Sainte Vierge ; et qu’ils injurient, et qu’ils blasphèment Jésus en croix.

Et l’on dit même qu’une fois ils ont souffleté Jésus en croix.

Madame Gervaise

— Ce n’est pas le premier soufflet qu’il a reçu. Et nos péchés le soufflettent outrageusement tous les jours.

Nos péchés l’outragent et le soufflettent tous les jours.

Jeannette

— Savez-vous, madame Gervaise, et que le bon Dieu me pardonne à jamais d’avoir osé vous dire ces paroles, savez-vous que les soldats boivent dans les très saints calices le vin qui les soûle ?

Madame Gervaise

— Je le sais, ma fille.

Jeannette

— Faut-il, mon Dieu, faut-il vous dire encore cela. Faut-il pour finir…

Madame Gervaise

— … Pour consommer cette détresse …