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Page:Peguy oeuvres completes 06.djvu/188

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LE MYSTÈRE Car il y a dans l’enfant, car il y a dans l’enfance une

grâce unique. Une enlièreté, une premièreté Totale.

Une origine, un secret, une source, un point d’origine. Un commencement pour ainsi dire absolu. Les enfants sont des créatures neuves. Eux aussi, eux surtout, eux premiers ils prennent le

ciel de force. Hapiunf, ils ravissent. Mais quelle douce violence. Et quelle agréable force et quelle tendresse de force. Comme un père endure volontiers

Comme il aime à endurer les violences de cette force, Les embrassements de cette tendresse. Pour moi, dit Dieu, je ne connais rien d’aussi beau dans

tout le monde Qu’un gamin d"enfant qui cause avec le bon Dieu Dans le fond d’un jardin.

Et qui fait les demandes et les réponses (C’est plus sûr). Un petit homme qui raconte ses peines au bon Dieu Le plus sérieusement du monde.

Et qui se fait lui-même les consolations du bon Dieu. Or je vous le dis ces consolations qu’il se fait. Elles viennent directement et proprement de moi

Je ne connais rien d’aussi beau dans toiit le monde, dit

Dieu. Qu’un petit joufflu d’enfant, hardi comme un page, Timide comme un ancre,

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