L K M ^ S T 1-] Il E (Or c’est tout’ ; . Sans doute il craint Dieu. Mais c’est d’une noble crainte, toute emplie, toute
gonflée. Toute pleine d’amour, comme un fruit gonflé de jus. Nullement quelque lâche, quelque bassecrainte, quelque
sale peur Qui prend dans le ventre. Mais une grande, mais une
haute, mais une noble crainte, La peur de me déplaire, parce qu’il m’aime, et de me
désobéir, parce qu’il m’aime, Et, parce qu’il m’aime, la peur De ne pas être trouvé agréable l’]t aimant et aimé sous mon regard. Nulle infiltration,
dans cette noble crainte, D’une mauvaise peur et d’une pernicieuse et vile
lâcheté. Et quand il m’aime, c’est vrai. Et quand il dit qu’il
m’aime, c’est vrai. Et quand il dit qu’il aimerait
mieux Être lépreux que de tomber en péché mortel (tant il
m’aime), c’est vrai. Lui je sais que c’est vrai. Ce n’est pas vrai seulement qu’il le dit. C’est vrai que
c’est vrai. Il ne dit pas ça pour que ça fasse bien. 11 ne dit pas ça parce qu’il a vu ça dans les livres ni
parce qu’on lui a dit de le dire. Il dit ça parce que ça
est. Il m’aime à ce point. Il m’aime ainsi. Librement. La
preuve que j’en ai dans la même race C’est que le sire de Joinville (que j’aime tant tout de
même) qui est un autre baron français, Qui aimerait mieux au contraire avoir commis trente
péchés mortels que de devenir lépreux, 70