Page:Peguy oeuvres completes 08.djvu/156

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ŒUVRES POSTHUMES premier vers et la rime du premier vers. C'est cet admirable départ, d'une seule venue, si je puis dire, et la rime qui enlève ce départ. Malbrou s en va-t-en guerre, tout est là, toute la chanson est là, et tout l'air et tout le rythme et tout, dans ce premier vers. La chanson est partie. Mutations faites, c'est comme le premier vers de la Marseillaise. Nous rejoignons ici ce que nous avons dit de la décision du départ dans les véritablement grandes œuvres.

Il en résulte que le vers qui reste dans notre pensée, dans notre mémoire, dans la réalité ce n'est pas le refrain, c'est ce premier vers; (d'autant que ce refrain est un refrain de cor de chasse et d'onomatopées et de trompettes de lèvres et non pas un refrain de paroles). C'est le premiers vers, le vers de départ, qui est le vers de commandement. Et à la rime il en résulte que ce qui reste dans notre pensée, dans notre mémoire, dans la réalité, ce qui commande ce n'est point la rime du refrain, ce n'est point la rime en aine, c'est la rime du premier vers, cette retentissante rime en erre. C'est cette rime qui est vraiment la rime commandante, dans notre pensée, dans notre mémoire, dans la réalité. Or c'est précisément cette rime que Hugo a prise pour en faire la rime commandante du refrain même et ainsi la rime commandante de tous les couplets et de toute cette danse macabre même. (A peine est-il besoin par ailleurs de faire remarquer combien cette rime en erre était elle-même commandée pour faire, pour deve- nir la rime commandante de cette marche funèbre).

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