Page:Peguy oeuvres completes 08.djvu/209

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G L i du temps, auquel on ne veut pas faire attention, (mais on sait bien pourquoi on ne veut pas y faire attention) ; un phénomène de perspective temporelle qui commande tout le mécanisme de cet appel, puisqu'il commande tout le mécanisme de la remémoration qui est au fond de tout cet appel. Qui est sous tout cet appel.

Je m'explique, dit-elle. Laissons de côté la question de compétence. Nous nous sommes assez entendus là- dessus. Laissons de côté cette évidente homogénéité des temps futurs au temps présent, de la postérité à l'homme présent, des générations suivantes à la géné- ration présente, des générations ultérieures à la géné- ration contemporaine. Nous nous sommes assez enten- dus là dessous. Je veux dire dans ces très accessibles pro- fondeurs. Laissons de côté cette évidente, cette hu- maine homogénéité de tout le temps, ou, vous permet- tez, de toute la durée. Des temps ultérieurs au temps présent. Des hommes ultérieurs aux hommes présents. Des peuples ultérieurs au peuple présent. Mais tout ceci accordé, tout ceci entendu, il reste encore, il reste en outre un effet d'optique temporelle, un effet de pers- pective très particulier. Je m'explique.

Quand le siècle présent fait appel à la postérité, aux siècles ultérieurs, il fait appel à de non moins faibles que lui, à de non moins précaires, à de non moins hommes que lui, à de non moins passagers que lui, à de non moins périssables que lui, à de non moins incom- pétents que lui, il ne peutjamais faire appel qu'àd'autres

lui-mêmes, c'est évident, c'est entendu, c'est cela même

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