Page:Peguy oeuvres completes 08.djvu/224

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une si louable incompétence. Ce n’est pas impunément que Dieu rend un siècle aussi niais. Il faut qu’il y ait quelque chose là-dessous. Quelque manigance de la grâce. Et cette infirmité que nous avons vue, non pas seulement une faiblesse, une imbécilité pour ainsi dire ordinaire, mais une détresse, mais une infirmité profonde, essentielle, mais une infirmité intime, mais une infirmité axiale, mais une infirmité centrale, au centre même du mécanisme organique, cela, mon enfant, c’est le sort même de la créature, c’est la nature même de l’homme, c’est le goût profond de la chrétienté et c’est toujours par là que la chrétienté rentre. Et moi je disais qu’aujourd’hui je n’en avais pas à votre âme chrétienne. Tant de détresse, et de cette détresse-là, est déjà le commencement de la Vertu. Car c’est la matière même qui attend et la Première, et la jeune Deuxième, et la Troisième. Dieu aime peut-être mieux celui qui pratique la vertu que celui qui en parle. Tant d’infirmité est déjà désarmante. Tant de détresse les fait presque innocents. Quand la détresse paraît, mon ami, c’est que la chrétienté revient. Et à ce point, et cette sorte de détresse. Quand cette sorte de détresse paraît, c’est que la chrétienté n’est pas loin. Il y a une confinité, une affinité, une liaison la plus profonde entre la détresse et la chrétienté, de la détresse à la chrétienté. C’est comme un gage et une mise en gage, une caution et un cautionnement, un pleige et l’une est le secret otage de l’autre :