Page:Peguy oeuvres completes 08.djvu/223

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CLIO de Hugo, et même de Hetzel. Mais elle est maline, comme disaient les bonnes femmes, et par elle la route que Ton avait commencée, on ne la finit pas, et la route que Ton n'avait pas commencée, on la finit. 11 serait trop facile de croire, dit-elle, pour plaire à quelques misérables dévots, que Dieu, lui aussi peut- être pour plaire à quelques misérables dévots, va aban- donner tout un peuple, et quel peuple, et tout un monde, et tout un siècle de ses créatures parce que ces créatures, parce que ce monde, parce que ce peuple sont dans le péché de n'être point dans les sacramen- telles formes. (Et un peuple couvert par quels patrons). Où est-il dit que Dieu abandonne l'homme dans le péché. Il le travaille au contraire. (On pourrait presque dire que c'est là qu'il l'abandonne le moins). Ce peuple achèvera un chemin qu'il n'a point commencé. Ce siècle, ce monde, ce peuple arrivera par la route par laquelle il n'est pas parti. Et beaucoup en outre et ainsi se revêtiront, se retrouveront dans les sacramentelles formes. Et moi-même dit-elle me voici comme l'ânesse de Balaam. Et pourtant je n'étais pas venue pour pro- phétiser. Mon métier, mon office est de parler après, c est même pour cela que je suis faite, nullement de parler avant. Oui ce monde moderne a tout fait pour éliminer de soi hermétiquement toute chrétienté. Mais il y a des reports. Et il y a l'éternelle attention. Tant d'ignorance, que nous avons vue, est déjà un com- mencement d'innocence, tant de gaucherie, tant de maladresse, une métaphysique si imbécile, une si rare,

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