Page:Peguy oeuvres completes 08.djvu/227

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G L I ment confier, le savoir que nulle discipline ne confère et ne peut conférer, l'enseignement que nulle école ne peut distribuer, il sait. Ayant quarante ans il a eu, le plus naturellement du monde, c'est le cas de le dire, communication du secret qui est su par le plus d'hommes au monde et qui pourtant est le plus hermétiquement gardé. D'abord il sait qui il est. Ça peut être utile. Dans une carrière. Il sait ce que c'est que Péguy. Il a même commencé à le savoir, il en a vu les premiers linéaments, il en a reçu les premières indications sur ses trente-trois trente-cinq trent-sept ans. Il sait notamment que Péguy c'est ce petit garçon de dix douze ans qu'il a longtemps connu se promenant sur les levées de la Loire. Il sait aussi que Péguy c'est cet ardent et sombre et stupide jeune homme, dix-huit vingt ans, qu'il a connu quelques années tout frais débarqué à Paris. Il sait aussi qu'aussitôt après a com- mencé la période on serait presque forcée de dire, quelque répugnance que l'on ait pour ce mot, en un certain sens la période d'un certain masque et d'une certaine déformation de théâtre Persona, le masque de théâtre. Il sait enfin que la Sorbonne, et l'Ecole Nor- male, et les partis politiques ont pu lui dérober sa jeunesse, mais qu'ils ne lui ont pas dérobé son cœur. Et qu'ils ont pu lui dévorer sa jeunesse, mais qu'ils ne lui ont pas dévoré son coeur. Il sait enfin, il sait aussi que toute la période intercalaire ne compte pas, n'existe pas, qu'elle est une période intercalaire et de masque et il sait que la période de masque est finie et

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