Page:Peguy oeuvres completes 08.djvu/246

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

OEUVRES POSTHUMES spirituel elle commandement de ce qui n'est pas de ce monde, et toute autorité de l'éternel, moi à qui on est venu demander le secret du salut même, et non pas seulement le gouvernement des cités, mais le gouver- nement des cœurs, en même temps, s'il est permis de parler ainsi, on me faisait entrer sous un régime tel, qui est proprement le régime moderne, on me munis- sait d'un appareil tel, on m'investissait d'une méthode telle que je vous défie bien, et que je me défie bien moi-même je ne dis pas de toucher à rien d'essentiel, je ne dis pas d'atteindre à rien d'extraordinaire, à rien de spirituel, de substantiel, d'éternel, (il s'agit bien de cela), mais que je me défie d'achever le commencement, de pouvoir arriver au commencement de la plus simple histoire du monde. De l'histoire la plus usuelle, la plus commune ; la plus toute venante, la plus ordinaire, la plus temporelle, la plus littéraire enfin. La plus banale. On nous a dressé un appareil, dit-elle, nous vivons dans un système où on peut tout faire, excepté l'histoire de ce fait, où on peut tout achever, excepté l'histoire de cet achèvement. Hugo a pu achever les Châtiments. Mais moi je n'achèverai jamais l'histoire des ChAli- ments. Voilà les destinées que Ton nous a faites. Jésus- Christ a pu sauver le monde. Mais moi je n'achèverai jamais l'histoire de Jésus-Christ.

Vous avez vu, dit-elle, ce qui nous est arrivé avec ces malheureux Châtiments. Nous sommes arrivés péni- blement jusqu'au seuil du livre premier. Hugo a pu finir d'écrire les Châtiments, (c'est le cas de lui emprun-

236

�� �