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ter ce qu'il disait dans une des quarante-huit lettres à Noël Parfait : « L 'article les n'est pas indifférent. Je dis Châtiments et les Contemplations. ») mais moi je ne finirai pas d'écrire des Châtiments, et de Hugo. Je n'a- chèverai jamais l'histoire des Châtiments, et de Hugo. Ni même, ni seulement l'histoire de l'histoire dans les Châtiments et dans Hugo. Terpsichore peut achever un pas de danse. Mais moi, si on m'appelle, je n'achè- verai jamais l'histoire de ce pas de danse et à plus forte raison l'histoire de Terpsichore. Quatre pieds carrés de toile ont suffi à Rembrandt pour achever ces insurmon- tables pèlerins d'Emmaùs. Quatre mains de papier ont suffi à Corneille pour achever Polyeucte. (Deux ais de bois croisés ont suffi à Jésus pour sauver le monde). Mais moi, pour parler des pèlerins et de Rembrandt, pour parler de Corneille et de Polyeucte, (je n'ose plus parler de Jésus), il me faut des rouleaux de papier, que j'en épuiserai toutes les forêts du monde. Et je dépeuplerai les forêts de la terre. Et il n'y aura plus de cellulose.

Voilà où m'a conduit, dit-elle, leur idée d'épuiser le détail. Voyez ce qui nous est arrivé avec ces Châti- ments. Et encore. Aucun « sujet » était-il aussi simple, aussi limité, aussi littéraire, aussi livresque en lui- même, je dirai aussi grossièrement limité, aussi étran- ger à une vie un peu complexe, aussi éloigné d'une réa- lité un peu mouvante que cette matière, aucune matière était-elle aussi communément facile, aussi commode, d'accès, aussi communément accessible que ce propos :

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