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dieu. Mais qui sait mieux que moi que historiquement n'est pas tout.

Voilà le vrai débat, dit-elle. Ils n'étaient pas de leur monde. Leur monde n'était pas (feux.

Ce même monde pouvait ensuite ne pas s'en aperce- voir. Mais nous savons très bien que ce n'est pas une raison.

Vous m'entendez bien, dit-elle. Jésus est du même monde que le dernier des pécheurs; et le dernier des pécheurs est du même monde que Jésus. C'est une com- munion. C'est même proprement cela qui est une com- munion. Et à parler vrai ou plutôt à parler réel il n'y a point d'autre communion que d'être du même monde.

Une pleine journée encore, dit-elle, vous nous gar- derez, je ne veux pas dire, je ne peux pas dire que vous nous garderez votre âme, je veux dire que vous nous garderez votre cœur, je veux dire que vous nous garderez une sorte de commémoration, une remémo- ration pieuse. Ces dieux étaient des faux dieux, mais leur monde, je veux dire le monde qu'ils surplombaient, n'était pas un faux monde. Ils étaient méchants, ils étaientdes mauvais dieux, etmême des mauvaises bêtes. Mais leur monde, le monde qu'ils surplombaient n'était point un méchant monde, ni un mauvais monde.

Il ne s'agit point de défendre ces dieux. Il ne s'agit même point de les ensevelir dans le linceul de pourpre. Ça c'est justement du Leconte de Lisle, et peut-être du Renan. Tenez, voilà, c'est cela qui est de l'archéolo- gie, et du Leconte de Lisle, et du lotos. Il s'agit de

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