Page:Peguy oeuvres completes 08.djvu/297

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Ce qui me fait des Burgraves, dit-elle, un exemple culminant, c'est que de tout ce que Ton a dans l'his- toire des littératures c'est certainement ce qui a le plus été fait exprès, (artificiellement), pour donner précisé- ment, pour produire cet effet de recul, de grandeur et de grandissement par le recul, d'éloignement dans le temps, dans le passé. De succession, d'héritage, d'ap- profondissement dans une race. Mais qu'est-ce que ça me fait. Je n'entre pas. Je suis au long. Les Burgraves ne sont pas un livre de mémoire. Ils ne sont pas un livre de vieillissement. Ils sont un livre d'inscription. Ils sont un livre d'histoire.

Et pourtant c'est bien un livre de vieillissement et de recul qu'il avait voulu faire.

Mais la plus grande habileté, dit-elle, ne donne juste- ment pas ce qu'il y a de grand et de profond. Et elle est même ce qui empêche de l'avoir. Or la mémoire et le vieillissement est ce qu'il y a de grand et de pro- fond.

Et la mémoire et le vieillissement est le royaume même de Dieu, qui est donné aux violents, mais qui n'est pas donné aux habiles.

Elle sourit, bien qu'elle n'en eût guère envie. Elle sourit tristement. Je ne suis guère amie du sourire, dit- elle, cp'.XoaetSr,; 'Acppoorrr,. Mais je ne puis m'empêcher de m'arrêter à cette aimable formule : Les Burgraves sont un livre d'histoire. Ce qui me plaît dans cette for- mule, dit-elle, c'est qu'au moins je suis sûre que M. Langlois n'en comprendra pas un traître mot. Mais

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