Page:Peguy oeuvres completes 08.djvu/349

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métique emboîtement de Napoléon dans Hugo ; ce double sort unique ; ce double coup de fortune extra-ordinaire ; cette mutuelle destination ; cet ajustement ; cet emboîtement ; cette suprême et parfaite convenance ; ce couple ; ces deux grands êtres étayés l’un sur l’autre ; uniques chacun dans son ordre ; cette seule matière pour cet artiste seul; ce seul héros pour ce poète seul ; ce grand mariage ; cette double convenance ; ce complètement, ce couronnement unique.

C’est peut-être, (dit-elle), la plus grande fortune temporelle qu’il y ait jamais eue. Je n’en veux retenir aujourd’hui que ce qu’elle a proprement de chronologique. Juste assez loin de sa matière pour ne pas être enfoncé dans sa matière. Juste assez près de sa matière pour y être engagé tout entier. Juste assez près pour en être, juste assez loin pour en être libre. Juste assez près de son modèle pour le voir. Et juste assez loin pour le voir. Juste assez près de son héros pour le joindre. Et juste assez loin pour n’y être pas joint. Non il n’y a jamais eu une aussi grande fortune temporelle. Il n’y a jamais eu une si parfaite, une si ponctuelle exactitude. Jamais la fortune envers personne ne fut à ce point une exacte servante. Et cette matière, et ce modèle, (et ce nénuphar enfin), ce héros et ce temps qui lui était rendu à pied d’oeuvre, il en avait été précisément, il l’avait joint précisément dans ces années d’enfance qui laissent à tout homme, et au poète, une ineffaçable marque. Enfant il en avait reçu sa première empreinte, la seule qui ne s’effacera point. Enfant il