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demment sorties qu'elles en sont désarmantes. Ni archéologie ni philologie romanes et généralement modernes, voilà le secret d'Aymerillot et du petit roi de Galice et du Mariage de Roland et d'Eviradnus. Ni archéologie ni philologie hébraïques, enfin, voilà le secret de Booz endormi.

(Étant bien entendu que cette Danse Macabre la plus funèbre de toutes et pour ainsi dire la plus accomplie est un peu, je le sais, une Danse Macabre à l'envers, en ce sens que ce n'est pas tant des vivants qui y mènent jjne danse des morts que des morts au contraire qui y dansent la danse (politique) des vivants. Mais ceci ne servirait qu'à montrer une fois de plus combien c'est le ton et la matière qui fait l'œuvre, infiniment plus que le sens.)

Écrivain enfin comment ne pas être frappé d'une sorte de stupeur devant cet art incroyable, devant cette architecture unique de certains sons, choisis de main de maître pour la terreur, devant cet épuisement pour ainsi dire total de ce que peut donner en français, dans le verbe français, la plus profonde articulation des con- sonnes, un épuisement comme exemplaire de ce que peuvent donner les rimes sourdes, les rimes sévères, les rimes en r et en bre, les vertèbres et les ténèbres, et par conséquent, et éminemment les rimes en ar et en nénuphar. Sans parler du rythme lui-même, ce rythme imposé ici (et encore) par l'air traditionnel, mais qui

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