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nicien, il ne s’agit pas que l’un soit l’autre. Il s’agit d’approfondir l’un, et d’approfondir l’autre.

Le bergsonisme ne fait pas des cartes compartimentées.

De même que les révolutions de l’anatomie et de la physiologie dans les sciences naturelles n’ont point consisté à opposer le règne animal au règne végétal ou réciproquement mais à poursuivre parallèlement dans les deux règnes une certaine restitution de la pensée en face de deux réalités parallèles, ainsi la révolution de la philosophie bergsonienne n’a point consisté à opposer ni à déplacer les royaumes de la pensée ni de l’être. Elle a consisté à poursuivre parallèlement dans tous les royaumes, dans tous les ordres, dans toutes les disciplines une certaine resituation de la pensée en face de ces réalités parallèles.

Il ne faut donc pas dire que le bergsonisme soit une philosophie pathétique ni une philosophie du pathétique ni qu’elle oppose le pathétique ou le pathétisme au logique, ou au mathématique, ou au scientifique, ou au rationnel, ou à la sagesse, ni qu’elle essaie ni qu’elle se propose de substituer le pathétique à tout cela. C’est à l’intérieur même du pathétique qu’elle opère, comme c’est parallèlement à l’intérieur du logique ou du mathématique. Car il y a un intellectualisme du pathétique comme il y a un intellectualisme du logique, ou du mathématique, ou de tous les autres. Et, partout, c’est le même.

Il faut renoncer à cette idée que le pathétique forme