Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/115

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cette expression qu’on voit souvent sortir d’un peu partout. À parler rigoureusement, à parler proprement tous les âges sont des âges de foi. Tous les siècles temporels sont les siècles de Jésus. Cette distinction entre des siècles qui seraient de foi et des siècles qui ne seraient pas de foi est vaine, est creuse, tombe.

§ 217. — Il n’y a qu’une distinction qui vaille, il n’y a qu’une distinction qui compte, il n’y a qu’une distinction qui soit fondée, qui soit rigoureuse entre les siècles temporels, et ce n’est nullement la distinction, devenue courante pour ainsi dire dans le monde moderne, entre des siècles de foi et des siècles d’incrédulité, entre des âges de foi et des âges d’incrédulité. Il n’y a qu’une distinction qui soit, et c’est entre les siècles de l’ancienne loi, qui était la loi de justice, et les siècles de la nouvelle loi, qui est la loi d’amour.

§ 218. — Depuis Jésus, depuis l’avènement, depuis l’incarnation, depuis l’annonciation de Jésus nous sommes sous une seule et même loi, qui est la loi d’amour. Depuis Jésus, post Christum natum, tous les siècles temporels sont également situés sous le même niveau, tous les siècles temporels sont régulés sous la même commune régulation interne, qui est la régulation de la loi d’amour. En ce sens tous les siècles de chrétienté se valent, sont les mêmes, sont même le même. Depuis Jésus tous les siècles temporels sont les mêmes, sont le même, sont de la même nature infiniment profonde, de la même texture mystique, littéralement sont de la même éternité.