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Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/116

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§ 219. — Voilà la seule distinction qui soit, voilà le seul classement qui importe. Quand ensuite on parle des âges de foi, il faut faire attention qu’on fait alors allusion, qu’on fait une référence à un fait historique général qu’il ne faut manier pour ainsi dire qu’avec la plus extrême circonspection.

§ 220. — La vertu de Foi, qui est la première des trois Théologales, se décompose immédiatement pour ainsi dire en deux grandes vertus, qui seraient la créance, ou foi propre, et la fidélité. Les manquements à la foi, à la créance, tombant plutôt dans l’ordre de l’hérésie, les manquements à la fidélité tombant plutôt dans l’ordre du péché. Les manquements à la foi, les incréances et les mécréances étant plutôt hérétiques, constituant plutôt des propositions d’hérésie, et les manquements, les infidélités ne constituant généralement pas des propositions formelles.

§ 221. — Si l’on veut bien ne pas perdre de vue cette distinction du deuxième degré et si l’on veut bien considérer en premier cette deuxième vertu de la fidélité, deuxième dans la grande Foi, et si l’on veut bien ne pas se mettre dans la fâcheuse disposition d’esprit de tant de mauvais chrétiens qui ne pensent qu’à condamner leurs frères, oubliant eux-mêmes qu’il a été dit : Ne jugez point ; si l’on veut bien ne pas se mettre dans cette fâcheuse attitude du cœur, non point seulement fâcheuse, mais criminelle, et surtout si profondément inchrétienne ; si on veut bien regarder d’un cœur simple ce qui se passe en nous et autour de nous on constatera que dans le monde moderne, ou plutôt