Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/130

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

§ 237. — Le même interne, monsieur Laudet. La même foi. Le plus humble prêtre dans la dernière des paroisses françaises donne, (c’était une humble église au cintre surbaissé,

L’église où nous entrâmes),

le dernier des fidèles dans la plus humble des paroisses françaises reçoit le même corps de Jésus, corpus Domini Nostri Jesu Christi, que donnait et que recevait, que donnait ou que recevait saint Augustin et saint Paul, (saint Aignan, saint Loup, saint Gatien), (sainte Geneviève), (saint Germain), saint Louis et saint François, Jeanne d’Arc, Pascal, Corneille. Le même corps absolument identiquement le même. Temporellement éternellement le même et éternellement éternellement le même. Le même en éternité temporelle et en éternité éternelle. Tout chrétien qui prie, monsieur Laudet, secundum verbum orationis, tout malheureux homme qui dit son Notre Père fait une référence directe, immédiate, instantanée à Jésus qui le prononça pour la première fois. Il imite, il saisit, il atteint directement Jésus priant, comme dans la communion il saisit directement le corps de Jésus. Dans ce merveilleux cortège de la prière c’est toujours Jésus-Christ qui marche devant et tout homme qui marche après est toujours éternellement le second.

§ 238. — Il faudra que M. Laudet se fasse à cette idée que nous autres nous ne faisons aucun progrès. Ce sont les modernes qui font des progrès. Que nous sommes bêtes une fois pour toutes. Que nous sommes aussi bêtes que saint Jean Chrysostome.

§ 239. — Humainement même il y a dans cette propo-