Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/144

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féales ; de fidélités non pas seulement d’amitié (c’est déjà le fond de l’homme), mais de fidélités proprement religieuses, de fidélités de foi, de créance, de suite, d’accompagnement, d’un crédit total. C’est l’honneur d’Israël que cette suite, que cet accompagnement, que cette fidélité n’a jamais manqué au prophète.

Si donc l’on veut dire que jusqu’à son dernier jour imminent, jusqu’à son dernier jour qui était là une poignée de Juifs, de fidèles, et non pas seulement d’amis, accompagna, étreignit pour ainsi dire Bernard-Lazare et ne le lâcha point jusque dans la mort, non seulement j’y consens, mais j’y consens d’autant plus volontiers que c’est exactement et totalement ce que j’ai dit, et que je suis le premier qui l’ai dit. Et même le seul, puisqu’il n’y a que moi qui parle de Bernard-Lazare. C’est un point d’histoire acquis et sur lequel il n’y a point à revenir. C’est l’honneur d’Israël que cette sorte de poignée d’hommes, de serrement, d’étreinte, que cette sorte d’accompagnement n’a jamais manqué au prophète. Je serais d’autant moins fondé à le nier ou à le taire ou à le contester que toute cette poignée d’hommes est restée personnellement de nos amis, et en un sens de nos fidèles. Hier encore un nouveau, un tout jeune homme venait me voir, me rapportant précisément un petit paquet de lettres que j’écrivais à Bernard-Lazare dans ces temps héroïques.

Que si ensuite et aussi l’on veut dire que tout autour, plus largement un certain nombre de Juifs d’un certain monde garda à Bernard-Lazare jusqu’à sa mort et même perpétuellement après une sorte de fidélité sociale, de fidélité historique, une fidélité matérielle d’une certaine sorte inébranlable, une fidélité pour tout dire tempo-