Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/152

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flambeau de haute amitié, d’aînesse, de paternité spirituelle, ils ne l’avaient point inventé, ce flambeau, ils ne l’avaient point allumé eux-mêmes, allumé premiers, ils l’avaient emprunté, eux-mêmes, ils l’avaient reçu de leurs anciens, de leurs propres aînés, de leurs pères spirituels. C’est précisément la génération installée par Paris et Brunetière, et qui sans Paris et Brunetière ne serait rien, qui fait le Croquemitaine et le Barbe Bleue avec nous, avec la génération suivante. Mais nous ne nous laisserons peut-être pas manger.

Nous ne souffrirons pas d’être traités en suspects par quelques coquebins, par quelques francs-fileurs dans une République qui nous doit tout, qui tout entière n’est que par nous, qui sans nous, sans notre solidité sombrait il y a quinze ans dans la tourmente antisémitique. Par quelques francs-fileurs qui à la moindre apparence de danger filaient jusqu’au Nouvion en Thiérache et tremblaient dans leur peau et allaient se terrer. Pour moi, qu’on le sache bien, personnellement je n’endurerai pas qu’un Lavisse, tout gonflé de rentes et de pensions et de traitements et d’honneurs, (au pluriel, au pluriel), tout entripaillé de prébendes pour avoir semé autour de lui les désastres dans la République et dans l’Université, je n’endurerai pas qu’un Lavisse, quand même il serait de vingt Académies, vienne impunément faire des facéties et des grossièretés, fussent-elles normaliennes, sur la carrière de peines et de soucis, de travail et de détresses de toutes sortes que nous fournissons depuis vingt ans, en très grande partie justement par la faute de la génération précédente. Il en a assez dit cette année. Il en a assez fait cette année. Il s’est assez occupé de moi cette année. Qu’il recommence à s’occuper de