Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/155

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serait même le commencement de toute conversation qui porterait sur cette matière, — prolégomènes à toute métaphysique future, — c’est qu’il y a entre la génération qui nous précède et nous une coupure comme il n’y en a peut-être jamais eu entre deux générations qui se suivaient. Et que l’on ne nous dise pas que c’est l’habitude, qu’il en est toujours ainsi, qu’il en est forcément ainsi. Nous avons deux témoins, nous avons deux (autres) exemples. L’un avant, l’autre après. Premièrement la liaison de la génération qu’illustraient Paris et Brunetière précisément à la génération qui nous précède. Deuxièmement notre propre liaison à la génération qui nous suit. Aux nouveaux jeunes gens.

Je demande pardon à M. Salomon Reinach d’avoir ainsi été conduit par un simple rapprochement purement géographique dans le temps, si je puis dire, à mettre à côté de son nom le nom de M. Lavisse. Il est évident que par ailleurs il ne peut rien y avoir de commun entre ces deux hommes. M. Salomon Reinach n’a point un Nouvion en Thiérache où il s’enfuie. Toutes les fois que des guerres presque civiles et presque plus que civiles ont conduit ce pays à deux doigts des plus extrêmes dangers, M. Salomon Reinach était là. Comme nous. Parmi nous. Il était présent.

M. Salomon Reinach m’arrêterait peut-être ici. — Que parlez-vous de générations, me dirait-il très sincèrement. Nous, ce que vous nommez le Parti Intellectuel, n’avons-nous pas aussi avec nous des jeunes gens. Revoyez sur l’Annuaire. Nous avons avec nous plusieurs de vos jeunes camarades.