Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/179

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je puis peut-être le dire, c’est de travailler tranquilles. Mais si quelque mauvais garnement vient nous faire du chahut dans l’atelier et vouloir nous saboter notre travail, nous pouvons peut-être retrouver assez de vigueur pour prendre l’intrus par les deux épaules et le mettre à la porte. Cette vigueur que nous employons généralement à travailler, par une opération magique, monsieur Laudet, nous pouvons en transformer une partie, (nous avons un petit transformateur breveté), en vigueur de combat.

Qu’on nous laisse la paix, c’est tout ce que nous demandons. Qu’on nous laisse tranquilles. Qu’on nous laisse travailler. Mais si on nous dérange, au moins nous ferons qu’on ne nous aura pas dérangés pour rien. J’ai suivi cette méthode il y a dix ans et nous y avons gagné dix ans de paix. Puisqu’on m’a dérangé cette année, je suivrai cette méthode de telle sorte que nous y gagnerons dix nouvelles années de paix. Je veux un nouveau décennat. Je suis modeste. Je l’aurai. Ce qui perd M. Laudet, c’est qu’il est trop jeune. Je veux dire trop nouveau venu dans les lettres. S’il savait les précédents, s’il avait connu les histoires d’il y a dix ans, il est probable qu’il aurait cherché une victime un peu moins récalcitrante. Je sais bien qu’aujourd’hui M. Laudet aimerait mieux que tout ceci n’eût pas eu lieu. Mais puisqu’il m’a dérangé je puis lui assurer, — (ou l’assurer), — qu’il ne m’aura pas dérangé pour rien.

C’est cette méthode que j’ai appliquée il y a dix ans. C’est cette méthode que j’ai constamment tenue prête. C’est cette méthode que j’appliquerai cette année. Je ne