Page:Peguy oeuvres completes 13.djvu/178

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la deuxième Jeanne d’Arc paraîtra tout de même. Ils n’ont pas évité les écueils de leur conception.

M. Laudet non plus n’a point évité les principaux écueils de sa conception. Il y a en effet un point, il faut qu’il y ait un point qui soit bien acquis, c’est un point de méthode, c’est que je sais beaucoup trop bien mon métier d’homme d’action pour me laisser embarguigner jamais, embaragouiner à la signature de quelque comparse. Ce n’est pas la première fois que je suis l’objet d’un guet-apens. Je commence à savoir. C’est une des premières leçons que j’ai reçue de notre maître M. Sorel il y a douze quinze ans, du temps que je commençais mon deuxième apprentissage, (le seul qui compte, l’apprentissage de la méchanceté des autres), et le Parti Intellectuel se chargeait de me dresser. Il faut lui rendre cette justice, (au Parti Intellectuel) que d’ailleurs il ne le faisait pas gratuitement. Si vous voulez travailler tranquille, me disait M. Sorel, (on pense que je voulais travailler tranquille), quand vous voyez, quand vous sentez qu’on vous monte un coup, une cabale, tous ces gens-là sont généralement pleutres et sournois, ne lanternez pas ; ne vous laissez pas lanterner ; dans une revue ; ne vous laissez pas arrêter à celui qui signe l’article. Vous comprenez. Si on lui fait signer l’article, à celui-là, c’est justement parce que l’on pense qu’ayant moins de volume il est le moins vulnérable. Allez droit à la tête, à l’auteur de la cabale, au directeur de la revue, et descendez-le. Après on vous laissera la paix.

J’ai constamment appliqué cette méthode et je m’en suis toujours trouvé bien. Tout ce que nous demandons, nous autres écrivains, nous autres producteurs,